mercredi 15 décembre 2010

D'un silence.


- "Celui que j'étais avec toi, celui que j'ai été à ton anniversaire, ce n'est pas un autre, c'est bien moi"

- "Alors je ne suis pas intéressée"

- ...

- ...

- "Je crois qu'il n'y a plus rien à dire".


Je ne connaissais pas la qualité de ce silence, celui de la rupture.

J'ai entendu ma colère et ses objections, je l'ai vu se débattre et tout cela m'était familier.

Mais entendre dans ce silence sa compréhension, l'inéluctabilité de cette fin, c'était très étrange.

Pendant ce temps-là, alors que tour à tout chacune de mes oreilles s'acharnaient à me faire souffrir, je sondais en moi l'évolution de mes sentiments.

Je cherchais la panique qui m'avait envahit, un mois plus tôt, en découvrant qu'il ne parvenait pas à saisir la perche que je lui tendais.

Et au fond de moi aussi, je n'ai trouvé que le silence.

- "Est-ce que l'on pourra se revoir?"

- "Je ne vois pas pourquoi".

Le silence a pris toute la place en moi.

C'est fini.

samedi 11 décembre 2010

Seize the day.


"Alors profitez, profitez de vos proches pendant qu'ils sont encore là"

C'est elle qui n'a pas encore pris la parole qui nous interpelle, la voix vibrante et pleine de larmes, alors qu'un cortège que seul le bruit des mouchoirs rythme se relaie pour poser quelques pétales de roses sur le cercueil de sa mère.

Elle s'est levée, mue comme par un besoin impérieux, et je serre un peu plus fort la main de ma mère qui se retourne et me regarde. Oui, belle enfant qui a grandi avec moi, je ferais tout pour suivre ton conseil, nous allons le suivre.


Pleurer en se demandant si on a le droit d'être triste. Après tout, moi je n'ai perdu ni ma mère ni ma meilleure amie.

Pleurer sur le regret que la chose qui revienne dans tous les textes ne soit pas la vie, le rire et l'incroyable charme de cette minuscule bonne femme qui vient de disparaître, mais juste la maladie des dernières années.

Pleurer pour ma mère, pleurer pour sa fille, mon amie, pleurer pour eux et découvrir que je pleure aussi pour moi.

Pleurer sur les souvenirs de nos enfances, sur ce temps où tout nous semble bonheur aujourd'hui.

Pleurer, pleurer sans réussir à s'arrêter, puis devoir se contenir.

Étouffer un sanglot lorsque spontanément il me prend dans ses bras, lui que j'avais connu bébé et qui est devenu un homme merveilleux.

Se laisser interpeller à redécouvrir son père qui ressemble tant au mien, avec un peu plus d'humour, peut-être.

Suivre le mouvement vers la maison des derniers mois, avoir envie de rester dans ses bras, tenter de faire en sorte qu'elle comprenne bien que je suis là, et bien là.

Et découvrir la vie dans cette femme qui irradie, malgré le fauteuil qui recèle désormais ses jambes.


Seize the day.

dimanche 21 novembre 2010

Questions.


Pourquoi?

Pourquoi est-ce que je ne parviens pas à accepter que ce moment n'arrivera pas?

Que non, jamais je n'inscrirais « The End » sur un rideau lourd qui viendrait cacher les contours de ma vie passée.
Que non, aucun rideau ne viendra annoncer la vie d'après, celle où je suis censée pouvoir enfin commencer à être heureuse.

Que oui, cette vie est celle que j'ai choisi, et que je n'ai que ce que je mérite. Trop d'amour, pas assez d'envies.
Que oui, la perspective de devoir continuer à chercher, à trouver, à se perdre et à se retrouver encore et encore est épuisante.

Accepter que la quête soit une fin en soi, et non l'inverse.

lundi 8 novembre 2010

Viens.


Viens.

Regarde mes bras, ils s'ouvrent devant toi, grands et accueillants, qui t'ouvrent la perspective sur mon corps.

Viens chercher au creux de moi l'apaisement que je sais être la seule à pouvoir t'apporter. Dans les replis de mon cœur, contre ma peau, il y a tout ce dont tu as besoin.

Viens, tu me manques, tu sais.

Ton corps contre le mien, ta vie dans la mienne, un nous qui se crée, j'en ai trop rêvé, je crois.

Je ne veux pas de la tristesse de tes yeux, des tremblements de ta voix, de tes soupirs, de tes insomnies...
J'ai envie que tu t'apaises au creux de moi.

Dans mes rêves, je t'apprenais.
J'avais envie de t'ouvrir les portes de ce que je suis, de te montrer les replis et les coins un peu cachés et pas toujours très avouables, mais qui me sont précieux.

Pour t'apprendre, j'imaginais que je te bandais les yeux.
Parce que pour apprendre, je crois qu'il faut d'abord désapprendre ce qu'on sait.
Et que chez toi, c'était pas gagné.
Alors je faisais ce qu'il fallait pour te faire perdre tes repères erronés.

Te bander les yeux. T'amener dans un lieu que tu ne connais pas. Te faire tourner sur toi-même. M'esquiver et me rapprocher, jusqu'à ce que tu me perçoives tellement à chacun des bruits que je faisais, chacun de mes souffles, chacune de mes odeurs, chacun de mes effleurements... que ma seule présence te remplirait.
Te faire sentir mes mains, mon corps, mes cils, t'effleurer, te griffer, te caresser, te prendre, te mordre, te presser.

Te laisser perdre pied et n'avoir plus conscience que de moi.

Et commencer l'enseignement.

Après, seulement, je t'aurais dit : Viens.

lundi 1 novembre 2010

In bed with me.



Dans mon lit, i n'y a plus personne, grande étendue douillette et presque triste.

J'essaie de rassembler mes pensées au réveil, de me souvenir des pertes d'hier, de sonder en moi les mouvements de mes émotions.

Je suis célibataire.

Entièrement, totalement, célibataire.

J'ai ce mot qui me tourne dans la tête, et je me rends compte que pour l'instant, je ne suis ni heureuse ni triste, juste soulagée de savoir à quoi m'en tenir.

Dans deux semaines, j'aurais 25 ans.

J'ai envie de faire un bilan, lovée dans la douceur de mes draps, mais j'ai l'esprit encore trop embrumé pour ça.

Une partie du bilan s'est alourdi, un ex, peut-être deux ou trois de plus, il y en a même que je ne sais pas trop dans quelle catégorie ranger, si tant est que je doive le faire.
La plupart ne veulent pas me revoir, et j'apprends avec tristesse qu'encore aujourd'hui certains sont restés "traumatisés" par moi.
Ceux qui veulent bien me revoir, je ne sais pas s'ils savent à quel point je leur en suis reconnaissante. Je me sens sans doute un peu moins monstrueuse comme ça. Et j'y gagne des amis précieux, pour lesquels j'ai une tendresse gigantesque.
L'autre soir, j'en ai vu deux danser. Ils auraient pu être deux comme vingt, j'avais aimé ces hommes et le plaisir que j'avais à les savoir près de moi était indescriptible et chaleureux.

Avec encore un peu de réticence, je prends la page entre mes doigts et je commence à la tourner.

Il me faudra encore quelques jours, peut-être même quelques semaines pour y parvenir, dix ans de vie sentimentale houleuse et riche ne se laissent pas derrière soi facilement.

Mes bras ne cherchent personne sous la chaleur de la couette.

vendredi 15 octobre 2010

Suspendue.


Comme suspendue.

Je regarde, j'observe, je tourne, je virevolte, je parle...
Je vis à 220 à l'heure, et j'ai l'impression que celle que je regarde, c'est moi.

Je me découvre une distance que je ne me connaissais pas.

Il y a déjà plusieurs jours - une éternité -, je lui ai écrit.
Dans cette lettre, j'ai mis mes mots, mon cœur, et, je le comprends maintenant, ma vie.
Est-ce qu'il a compris? Connait-il l'importance de la décision qu'il doit prendre?

Dans 15 jours, si elle n'est pas partie, il m'aura perdue.
Cela fait déjà près de trois semaines.
Trois semaines que je redécouvre l'attente.

Que je tente de me donner les moyens d'avoir ce que je veux.
Je me suis découvert la force de demander ça.
La force de dire que s'il me veut, ce sera avec une base saine ou ça ne sera pas.
De dire que j'en vaut la peine.
De dire que nous en valons la peine, ensemble.

Alors oui, je suis comme suspendue.

Tous ceux qui ont virevolté autour de moi m'ont révélé des bouts de mes fondamentaux.
Mais à chaque nouveau départ, nouvelle proposition, je me rendais compte qu'il n'y avait que lui que je voulais.

J'ai découvert que je savais ce que je voulais.

Lui.
Lui, avec sa lâcheté aussi, ses zones d'ombres et ses faux-semblants.
Parce que j'ai les miens aussi, et que je tiens à les garder.
Lui, avec son romantisme un peu niais, ses envolées lyriques et ses projets fous.
Parce que je suis incroyablement fleur bleue à ses côtés.
Lui, avec son intelligence un peu bornée, lui et ses absences, lui et ses doutes, lui et ses multiples défauts même pas rangés dans les coins.
Parce que même si je suis loin d'être parfaite, je me sens parfaite pour lui comme je le sens parfait pour moi.

Lui et son sourire, surtout.

En attendant, je suis suspendue.

Et en attendant, j'ai retrouvé mon équilibre.
J'ai vu dans les yeux d'un autre que j'ai aimé cette vérité que je soupçonnais sans encore oser y croire.
Et j'ai découvert au creux de ces mêmes yeux un secret, une zone d'ombre que j'ai bien envie de garder pour moi, et de garder longtemps.

Alors je profite et me donne entièrement à ce temps suspendu.

Sans doute que dans 15 jours il ne se passera rien, et alors je serai dévastée.
Mais j'aurais essayé, et je n'aurais plus de regrets.

Suspendue.

vendredi 8 octobre 2010

D'une journée (presque) comme les autres.


Courir. Parler.
Courir. S'agiter. Écouter, apprendre. S'enthousiasmer.
Courir. Se laisser surprendre. Parler, inventer, découvrir. Plaire malgré tout.
Courir. Déjeuner. Apprendre, comprendre, sentir. S'imposer.
Courir. Discuter.
Courir. Attendre, appréhender.

Abdiquer un instant devant la douceur de ses yeux et s'y fondre, profondément, pour se laisser aller.
Prendre conscience de la fatigue et de la maladie qui commencent à me ronger.
Se demander si je vais réussir à aller au bout de cette journée.

S'essayer à la naïveté, encore.
Tenter à nouveau d'y croire, et s'en persuader.
Ne pas y arriver.

S'attendrir malgré tout et se plonger dans ses yeux, dans son sourire comme pour y chercher une bouée de sauvetage.
L'écouter, sentir la puissance de ses mots et savoir qu'il y croit.
Pleurer, un peu.
Ça faisait longtemps, j'ai pas le temps de pleurer.

S'enivrer de la douceur de ses paroles, même sans trop y croire, se bercer dans ses mots.
Rire et sourire quand il crie qu'il m'aime en pleine rue.

Courir. Discuter.
Courir. Dîner. Pas le temps.
Courir. Parler, faire partager. S'enthousiasmer.
Courir. Participer à l'agitation, écouter les compliments, tenter de s'en repaître.
Courir. Finir de dîner.
Courir. Discuter, rentrer.

Se dire que si j'ai survécu à cette journée, je survivrai à tout.

Dormir.

mercredi 29 septembre 2010

D'une lettre.


De loin, on l'imagine pas vraiment, la prison.

J'y suis pas encore allée, j'irais peut-être même pas.

Je lis ses lettres.

Je me heurte à ses mots et ses phrases décousues, ses lettres qui tremblent un peu, ses ajouts, ses ratures, et son orthographe qui se fait de plus en plus approximative...

Je lui ais écris, pour ne pas changer nos habitudes.

Comme si j'espérais que ce geste, minuscule caillou dans l'immense marée qui le submerge, lui permette de tenir.

Dans ses mots, je trouve aussi les murs, les heures trop rigides, le temps qui s'écoule...

Et puis j'entends les soutiens qui lui viennent en aide et le soutiennent, justement.

A lire, je me sens presque indiscrète, et j'hésite à continuer.

Et je me rends compte que ce qui me touche le plus, ce ne sont ni ses mots de désarroi, ni ses visites chez le psy, ni les gens que j'y reconnais...

Non, c'est la quête d'un stylo, de feuilles, d'enveloppes, de timbres...

Il veut écrire, et il écrit sans cesse.

Ecrire pour continuer à vivre.

samedi 25 septembre 2010

D'une (ou plusieurs) fuite(s).




Je m'en vais.

Pas de ce blog, je fuis ma vie, et je pars en avant, sans me retourner.

Je vous laisse en partant et dans le désordre les chansons qui me trottent dans la tête, passées, présentes ou futures, je n'en sais rien encore, j'ai un peu de tri à faire dans mes envies et mes besoins, seule face à moi-même.

A mon retour, j'y verrais sans doute plus clair.

Je vous souhaite une bonne semaine.











dimanche 19 septembre 2010

Famille.



Oui, je sais, sa famille on ne la choisit pas.

Alors non, je n'ai pas non plus choisi la multiplicité des poids que la mienne a posé sur mes épaules.

Avec ma merveille de cousine, on se dit parfois qu'on s'en sort quand même pas trop mal, malgré tout.

Et c'est avec elle que partage ces souvenirs douloureux, les siens qui font tellement écho aux miens.

Mais en fait, je crois que je ne me rendais pas compte que ce n'était pas terminé.

Que la famille elle est toujours là, pour les bons côtés comme pour les pires.
Que si j'ai cru qu'un statu quo s'était installé ces dernières années, c'est juste que moi je m'étais apaisée.
Que ça veut pas dire qu'ils ont changé ou qu'ils n'ont plus rien contre moi.
Surtout que ça ne veut pas dire que les emmerdes ne peuvent pas recommencer à pleuvoir, d'un instant à l'autre.

Il parait même que c'est la vie.

Et c'est vrai, après tout, je crois que je ne m'en sors pas si mal, malgré tout ça.

mardi 14 septembre 2010

Retour sur moi.


Avoir trop de choix tue le choix.
Ca parait bête et insignifiant dit comme ça, mais ça en devient rageant et fondamental lorsque c'est du vécu.

Il me semble que tout a toujours plus ou moins été décidé pour moi.
Et c'était souvent plus facile, plus confortable.

Sauf que maintenant, c'est à moi de les faire ces choix.
Et à moi seule.


Une des dernières décisions que j'aurais dû prendre, il l'a prise à ma place, j'en ai souffert mais je lui en sais gré aujourd'hui.
J'ai envie d'apprendre à choisir, moi aussi.

Me réaccorder du temps pour moi, me remettre en adéquation avec moi-même.
Je sais que quand je pense seule, je pense bien.
Je vois ce qui est bon pour moi, je l'ai bien vu ce dernier mois.


Lui me dit que j'essaie toujours de penser aux autres avant moi, de voir leur bien-être, et je crois que je n'y avais jamais vraiment réfléchi comme ça.
Et parfois je me demande s'il ne le fait pas un peu avec moi aussi.

Elles qui m'ont connu enfant et adolescente ont dit que j'avais beaucoup mûri, qu'elles n'ont jamais douté que je ferais quelque chose de bien, que j'étais quelqu'un de précieux.
Et moi j'avais l'impression d'être immature à ne réagir qu'avec mes sentiments.

Et lui, et elles, et eux...
J'aurais tant d'autres phrases à citer qui me tournent dans la tête.


Mais j'ai déjà perdu trop de temps à me chercher dans les yeux des autres.
Comme si j'avais oublié que j'étais déjà là, moi.
Et que je m'aime plutôt bien, en fait.


Alors trace ta propre route.

samedi 28 août 2010

De la douceur des débuts.

" - Tu sais, la plupart du temps, quand je passe la nuit chez un homme, je ne reste pas dormir. "

Plus tard...

" - Si tu as envie de t'en aller, n'hésites pas... "
" - Je n'en ai pas encore eu envie. "
" - ... "
" - Mais si tu veux que je m'en aille, n'hésites pas non plus à me le dire, je ne me vexerai pas. "
" - Non, reste. "

Plus tard, bien plus tard...

" - C'est drôle, je n'ai pas eu envie de partir. Et j'avoue que ça m'a fait du bien. "
" - C'est drôle, je n'ai pas eu envie que tu partes. Et j'avoue que ça m'a fait du bien. "

jeudi 19 août 2010

Sur mes traces.


Vivre, mettre un pied devant l'autre, continuer.

Suivre comme une piste les traces de moi, mes évolutions et ces dernières années.

Réapprendre à voir l'espoir dans chaque petit détail, et profiter des instants de félicité que le destin complice de mon emploi du temps m'accorde.

J'avais jamais vécu ça, sans doute jamais aimé comme ça. Et j'ai peur de revivre un jour cette descente aux enfers.

Et puis une nouvelle rencontre, ses mains, sa tendresse et ses mots, et puis surtout ses invitations à n'importe quelle heure quand mes soirées de rencontres au hasard se font désastreuses.

Le boulot, se plonger comme on se noie dans de nouvelles lectures alors que j'ai tant de travail qui m'attends. Pas encore capable de reprendre.

Et puis arriver enfin à réfléchir, à se repasser les erreurs, distinguer peu à peu ce que je suis, ce que j'ai cherché en lui et ce qu'il a provoqué en moi, redécouvrir les traces de moi au travers de mes mots, enfin. Et recommencer à m'aimer, doucement.

Les jours de repos, appréhension, mais eux sont là, comme avant et comme après, ce n'est pas ça qui a de l'incidence sur leur amitié.

Embarquée dans un pèlerinage improvisé dont je rêvais depuis trop longtemps, et c'est Auvers sur les traces et la tombe de mon maître au génie si cruel.
Il le disait aussi : "Il vaut mieux crever de passion que de crever d'ennui".
La passion qui m'a tant manqué, la mienne, les miennes.
Comprendre que sans partage, j'ai la passion qui s'étouffe, comme le feu elle doit être alimentée...

Découvrir l'église qu'il a peinte, et pleurer, presque, de retrouver le tableau dans mon esprit et chaque coup de pinceau sur son chevet.
Les corbeaux, le blé, les champs, sur ses traces je marche sur les miennes, avec eux qui m'accompagnent et me font rire.
Un seul rayon de soleil et il était pour nous, comme pour me rappeler la beauté de la lumière, de sa lumière, de la mienne.

Juste des vacances improvisées, et comme le lierre les liens qui se resserrent.

Et puis le soir, me revoir dans ses yeux comme il y a cinq ans, "toujours aussi belle", "gracieuse et truculente", revoir le désir y monter et me retrouver séductrice sans en faire trop, juste moi au milieu d'eux.


Comme le petit Poucet, je suis une piste, ma piste, je cherche parfois un peu les cailloux quand d'autres sont encore posés en évidence, j'en collecte certains précieusement, et j'en sème de nouveaux.

J'étais pas si loin, pourtant.

Je reviens vers moi, la même et totalement différente à la fois.

mardi 3 août 2010

(...)


Trouver du courage pour rester droite et forte, ne pas m'effondrer à la moindre occasion.

Faire preuve de persuasion : il est partit, et non, il ne reviendra plus. Se le répéter, tenter de se convaincre pour ne plus y croire.

Sentir mon cœur qui se serre à exploser à chaque fois que quelque chose me le rappelle - la boule à thé, la télé, le fauteuil, mon corps, tout...

Essayer d'oublier mon annulaire qui me brûle comme pour me hurler son absence à lui avec son absence à elle.

Ne pas pouvoir dormir dans un lit que l'alcool a rendu trop grand et pas assez frais, se repasser la fin en boucle.

Tenter de comprendre quand les incohérences me sautent aux yeux, et recommencer ma litanie : il est partit, c'est définitif, il faut y croire c'est urgent.

Le mal de mer qui s'installe dans les draps bleus, je remonte un peu plus loin et revois le chant du cygne de cette relation.

Remplir ma tête avec des idées bien construites qui me permettront de tenir.

Je n'apporterai pas de conclusion à ce texte aujourd'hui.

samedi 24 juillet 2010

Baudelaire


Juste parce que c'est magnifique... Baudelaire à Franz Liszt:

"Qu'est-ce qu'un thyrse? Selon le sens moral et poétique, c'est un emblème sacerdotal dans la main des prêtres ou prêtresses célébrant la divinité dont ils sont les interprètes et les serviteurs. Mais physiquement ce n'est qu'un bâton, un pur bâton, perche à houblon, tuteur de vigne, sec, dur et droit. Autour de ce bâton, dans des méandres capricieux, se jouent et folâtrent des tiges et des fleurs, celles-ci sinueuses et fuyardes, celles-là penchées comme des cloches ou des coupes renversées. Et une gloire étonnante jaillit de cette complexité de lignes et de couleurs, tendres ou éclatantes. Ne dirait-on pas que la ligne courbe et la spirale font leur cour à la ligne droite et dansent autour dans une muette adoration? Ne dirait-on pas que toutes ces corolles délicates, tous ces calices, explosions de senteurs et de couleurs, exécutent un mystique fandango autour du bâton hiératique? Et quel est, cependant, le mortel imprudent qui osera décider si les fleurs et les pampres ont été faits pour le bâton, ou si le bâton n'est que le prétexte pour montrer la beauté des pampres et des fleurs? Le thyrse est la représentation de votre étonnante dualité, maître puissant et vénéré, cher Bacchant de la Beauté mystérieuse et passionnée. Jamais nymphe exaspérée par l'invincible Bacchus ne secoua son thyrse sur les têtes de ses compagnes affolées avec autant d'énergie et de caprice que vous agitez votre génie sur les cœurs de vos frères. -- Le bâton, c'est votre volonté, droite, ferme et inébranlable; les fleurs, c'est la promenade de votre fantaisie autour de votre volonté; c'est l'élément féminin exécutant autour du mâle ses prestigieuses pirouettes. Ligne droite et ligne arabesque, intention et expression, roideur de la volonté, sinuosité du verbe, unité du but, variété des moyens, amalgame tout-puissant et indivisible du génie, quel analyste aura le détestable courage de vous diviser et de vous séparer?

Cher Liszt, à travers les brumes, par delà les fleuves, par-dessus les villes où les pianos chantent votre gloire, où l'imprimerie traduit votre sagesse, en quelque lieu que vous soyez, dans les splendeurs de la ville éternelle ou dans les brumes des pays rêveurs que console Cambrinus, improvisant des chants de délectation ou d'ineffable douleur, ou confiant au papier vos méditations abstruses, chantre de la Volupté et de l'Angoisse éternelles, philosophe, poëte et artiste, je vous salue en l'immortalité!"

mercredi 30 juin 2010

Entre.



Entre, ma fille, mon enfant, dans ta nouvelle vie.

Trouve le boulot de tes rêves et investit toi jusqu'au bout.
Regarde et écoute ceux qui sont autour de toi, et tente de démêler le vrai du faux.
Avance et trébuche sur les bâtons qu'on te glissera dans les roues.
Et relève-toi, toujours.
Recommence un peu plus prudemment.
Apprends que tu es seule sur ce chemin et que personne ne pourra t'y guider.
Contemple les personnes que tu aimes de loin, sans savoir quoi faire ni que dire.
Débats-toi.
Sache que de ceux en qui tu as confiance, il y aura désormais quatre catégories.
Ceux qui ne comprendront pas ou ne voudront pas comprendre.
Ceux qui te refuseront leur aide et leurs conseils, qu'ils sachent ou non pourquoi.
Ceux à qui tu ne voudras ou ne pourras pas en parler.
Et ceux qui t'enfonceront le nez dans ta merde dès qu'ils en auront l'occasion.
Débats-toi de plus belle.
Essaie de combiner ta vie professionnelle et ta vie personnelle.
Echoue, et échoue encore.
Et relève-toi, toujours.

Entre, ma fille, mon enfant, dans ta nouvelle vie.

Et si je ne me relevais plus?

mardi 1 juin 2010

Lettres.




J'aime les relations épistolaires.

Les lettres que l'on prend plaisir à écrire et à recevoir, les mots qui prennent forme et deviennent beaux d'avoir l'impression de connaître le destinataire comme l'on se connaît soi.

C'est souvent même d'autant plus vrai que l'on ne connaît pas la personne, que l'on peut projeter sur elle tout ce qu'on veut et qui nous ressemble.

J'aime lorsque l'on se confie avec douceur et emportement en même temps, comme on aurait pu le faire au fond d'un canapé moelleux vers la fin d'une soirée un peu arrosée, dans une pénombre à peine éclaircie par une bougie. Vous savez, quand les visages ne laissent deviner que quelques expressions, que la peau prend une couleur dorée qui rassure, que l'alcool délie les langues et les cœurs...

Se livrer mieux parce que l'on peut se cacher un peu aussi derrière ces écrans, occulter certaines parties pour mieux en révéler d'autres, se sentir exister et pousser des ailes à des bouts de soi que l'on ne se soupçonnait pas.

Pour moi, les lettres échangées ont cette intensité comme adoucie par la distance et l'inconnu, mais exaspérée par cette même méconnaissance.

Au fil de mes multiples identités épistolaires, j'ai aussi aimé faire quelques rencontres, passer du virtuel au réel. Découvrir un visage et retrouver - ou non - sur les sillons que le temps et les sentiments y ont tracé les traits que j'y avais gravé. Entendre plutôt que lire, toucher plutôt qu'écrire...

Certaines de ces rencontres sont restées magiques avec la disparition des mots, l'une d'elle m'a même hanté longtemps, et puis d'autres ont tari nos mots avec la découverte du réel.

Mais, par-dessus tout, ce sont les instants qui ont précédé que j'ai souvent préféré.

Comment la dépendance aux mots de l'autre peut s'installer petit à petit.

Comment, sur un malentendu ou un baiser, les mots s'enflamment parfois, jusqu'à devenir des mots d'amour, des mots de tendresse, des mots de passion...

Comment un geste fou peut devenir attendrissant, enthousiasmant, et même désarmant.

Et surtout, surtout, comment révéler son vrai prénom devient un moment magique entre tous, un tombé de rideau en soi, une redécouverte de sa propre pudeur ou impudeur.

dimanche 30 mai 2010

D'un week-end.



Juste un bon moment. Un beau moment, même.

Un mariage où on se sent le droit d'être, même si on était un peu en décalage tous les huit. Mais on était un peu là pour ça, aussi.

Qu'est-ce que c'est chouette ce temps, ce répit, cette journée où on oublie tout pour se laisser le temps d'être simplement heureux et de le partager avec ceux qui sont venus.

C'était un plaisir de te voir, un plaisir de vous voir tous les deux et d'être avec eux tous.

Une occasion de vérifier que les mariées sont toujours belles (bon, ok, je n'en doutais pas de sa part... ;), de boire un peu plus que d'habitude (ok, c'est pas dur), de rire et de s'attendrir en laissant de côté toutes les emmerdes du quotidien (ça, c'était dur), de danser jusqu'à ne plus en pouvoir (yes! :), de voir les amis plus que d'habitude et de les découvrir un peu plus aussi... et tant d'autres choses encore!

Merci.

lundi 24 mai 2010


Ce soir, dans la tristesse qui m'envahit, j'ai envie de faire l'amour tendrement.

Doucement, presque comme on ferait un câlin, presque sans bouger, sa peau contre la mienne et nos mains caressantes.

Sans sentiments mais avec de l'émotion, beaucoup d'émotions, même. En pleurant, peut-être. Sans doute.

Envie de fermer les yeux pour mieux sentir le fil ténu du plaisir qui monte avec constance mais sans brusquerie.

Envie pour une fois de ne pas parler pour mieux écouter nos souffles et nos soupirs qui se mêlent comme nos corps. Écouter ses mots qui me décrivent ses sensations et cherchent à m'apaiser aussi, un peu.

Au fil des sens, laisser mon esprit s'échapper :
Courir sur ma nuque lorsque sa main m'effleure.
Ramper entre nos bassins qui jouent.
Chanter quand sa voix se fait ronronnante.
Rire dans les boucles de nos cheveux.
Marcher sur la pointe des pieds si nos regards se croisent.

Pleurer encore quand son sexe quitte le mien.

samedi 15 mai 2010

How I met Prince charming



Oui, parce que je l'ai rencontré, le Prince Charmant.

En fait, c'est même le mien que j'ai rencontré.

Sans cheval blanc, je l'ai reconnu aux papillons dans le ventre, à la féérie et à l'émerveillement.

Manque de pot, une petite princesse lui avait déjà mis le grappin dessus, et il avait peine à la quitter pour moi.

A le fréquenter en parallèle, j'ai découvert sous la cuirasse la lâcheté, les défauts quotidiens qui me heurtaient quand mes yeux n'étaient plus trop aveuglés par le vernis brillant.

Je n'ai sans doute pas tout compris. Comment le conte de fées s'est laissé rattraper par la réalité, comment les petites imperfections ont pu attaquer un édifice qui paraissait imprenable.

Surtout, comment le mépris a petit a petit remplacé l'amour dans mon cœur.

Là, maintenant, je revois cette scène des Poupées Russes avec Romain Duris avec des yeux neufs.

vendredi 23 avril 2010

Sous le soleil de midi...


Quand j'entre dans la boutique, je m'attends à tout sauf à ça. A tout sauf à lui, sauf à ce coup de foudre, sauf à cette immédiate attirance.

Je ne le connais pas et pourtant il m'est familier, c'est l'Homme comme je l'aime.

Il me lance un regard à peine appuyé, esquisse un sourire et un bonjour avant de se retourner vers son autre client.

Ais-je rougit jusqu'à la racine de mes cheveux? Je n'en saurais rien et je me dirige vers le rayon qui m'intéresse tout en l'observant du coin de l'œil.

Une petite quarantaine, à peine plus grand que moi, je devine des épaules larges et un joli torse musclé sous sa chemise bleue foncé. Une ceinture attire mes yeux sur sa taille, ses hanches fines dans un pantalon de tailleur et sa démarche féline...
Il est brun à la peau claire, les cheveux en bataille et une barbe de quelques jour qui ne parvient pas à cacher les profondes fossettes qui rythment son sourire.
Et de beaux yeux marrons, bien sûr.

Évidemment, j'ai besoin de son aide pour un article, et il me conseille, presque, s'embrouille et se reprend dans les prix, j'ai l'impression de le sortir de sa zone de confort lorsque je lui demande les prix.

Je ris pour le détendre, on parle de tout et de rien [j'apprends en douce qu'il a une fille et une ex-compagne, qu'il était seul à Noël] et surtout de photo, il en fait alors je lui parle d'elle, et il me propose de poser. C'est convenu mais dit avec légèreté, ce qui ne l'empêche pas de me glisser une carte sur laquelle il a inscrit son numéro au dos "au cas où ça me tenterais". Et de me dire de ne pas hésiter à "revenir l'embêter" dans sa boutique.

Je sors, un peu hébétée mais ravie, dans le soleil de midi.

mardi 20 avril 2010

Ma couleur préférée...




" Le vert représente la chance mais aussi la malchance, la fortune mais aussi l'infortune, l'amour naissant mais aussi l'amour infidèle, l'immaturité (des fruits verts) mais aussi la vigueur (un vieillard vert)...

Au fil du temps c'est la dimension négative qui l'a emporté : à cause de son ambiguïté, cette couleur a toujours inquiété. Ainsi, on a pris l'habitude de représenter en verdâtre les mauvais esprits, démons, dragons, serpents et autres créatures maléfiques qui errent dans l'entre-deux, entre le monde terrestre et l'au-delà. Les petits hommes verts de Mars, qui ne nous veulent pas du bien, ne sont autre que les successeurs des démons médiévaux.

Aujourd'hui, les comédiens refusent toujours de porter un vêtement vert sur scène (la légende dit que Molière serait mort vêtu d'un habit de cette couleur) ; dans l'édition, les couvertures verts des livres son supposées avoir moins de succès, et les bijoutiers savent que les émeraudes se vendent moins bien que les autres pierres parce qu'elles ont la réputation de porter malheur.

Toutes ces superstitions viennent d'un temps où le vert était instable et empoisonné. "

Michel Pastoureau dans Le Petit livre des couleurs.

samedi 10 avril 2010

Vivre à l'infinitif.


Revisiter toutes les déclarations d'amour que j'adressais au néant à l'aune de ses yeux.

Emprunter à la vie un peu de ses chemins, tourmentés, nombreux et parfois sans issue.

Aimer sans modération, sans comprendre comme la mer emplit le sable et monte.

Rêver de partir de nouveau, pour abandonner mes douleurs ou les étreindre à mort.

Ressentir les vieux démons et se haïr esclave de ceux qui ne seront jamais.

Établir des priorités à court de sens, mais trop de sentiments les tuent.

Joindre à tout cela ses incertitudes, son miroir et ses baisers qui me plongent.

lundi 29 mars 2010

Du sourire des ouvriers...




Parfois, lorsque je sors de chez lui au matin, ce sont les ouvriers qui travaillent dans la cour qui me saluent et m'adressent de grands sourires.

Et je me demande toujours dans quelle mesure ils devinent qu'un peu plus tôt dans la matinée, c'était moi qui criais mon plaisir à quelques mètres de la fenêtre où ils travaillaient.

:)

jeudi 18 mars 2010

Furie.


Je suis furieuse.

Je ne saurais même pas expliquer ce sentiment, mais je suis au-delà de la colère.

Ça a monté lentement, presque à mon insu, sans que je comprenne bien ce qui se passait.
J'avais pourtant bien détecté les signes avant-coureurs dans le désordre de mes réactions qui devenaient de moins en moins cohérentes et réfléchies.

Et puis il y a eu cette date. Et puis cette discussion, encore. Cette prise de conscience brutale de la bête féroce qui s'installait peu à peu dans mon ventre et me rongeait les entrailles, provoquant mes désordres à la manière d'une marionnette désarticulée.

Pantin ridicule et triste, devant lui je pleurais, je riais, je le cherchais et m'abandonnais sans cesser de résister.

Pourtant j'ai le sourire. Le sourire que me donne les taches de rousseur qui font pétiller ses yeux, le sourire des câlins d'un ami, le sourire de cet autre qui s'inquiète, le sourire de la confiance dont fait preuve, le sourire de celui qui m'a montré ses photos, et tant d'autres encore...

Et surtout, surtout, le sourire de mon métier.
J'ai ma passion vissée au corps et j'oublie tout pour mieux la faire partager.
Et puis, parfois, au creux d'un tableau ou au détour d'un regard, même dans ces moments-là, je sens la bête furieuse qui m'habite me parler, et je me tords les mains pour ne pas l'entendre.

J'ai toute ma violence vissée au fond des entrailles et je ne peux rien faire pour l'en déloger.

Alors je m'étourdis.
Dans le travail, et transforme, reprends et utilise ma furie comme passion.
Et puis, en rentrant, c'est mon vacarme. J'allume la radio, mets de la musique sur mon ordinateur et prends dans les oreilles la multiplicité des sons.

Et ce n'est que dans ces moments que mon cerveau s'immobilise enfin et que la furie semble s'endormir, presque.

vendredi 12 mars 2010

De la nécessité du choix.


Je t'ai appris, lui aussi, elle peut-être.

Vous vous apaisez dans mes bras et plus rien ne m'apaise, moi.

J'ai cette brûlure au corps et au cœur, cette certitude que quoi qu'il arrive, je vais provoquer un séisme.

En vous d'abord, sans aucun doute, mais en moi surtout.

Les regards emplis de confiance que vous posez sur moi contredisent vos discours qui, ces derniers jours plus encore qu'auparavant se répondent et se défendent de mettre ces poids sur mes seules épaules.

Et moi qui vous aime, tellement, et qui n'entrevois plus de solution au bout du chemin, je me ronge de l'intérieur et envisage tout, jusqu'à vous quitter. Tous les deux.

Et pourtant j'ai pris goût à vos présences alternées, à vous voir presque tous les jours, à vos encouragements et vos comportements si différents qu'ils finissent par se compléter au sein de mon âme.

A défaut de me donner une vie simple, vous me donnez une belle vie, intense et foisonnante, et de l'amour à perte de vue.

Je vous aime.

mercredi 24 février 2010

...


"Mais l'ivresse céda bientôt la place à l'angoisse : il fallait arriver un jour au bout de cette route! il fallait en finir un jour avec les trahisons! il fallait s'arrêter une fois pour toutes!

C'était le soir et elle marchait d'un pas pressé sur le quai de la gare. Le train d'Amsterdam était déjà formé. Elle cherchait son wagon. Elle ouvrit la porte du compartiment où l'avait conduite un contrôleur affable et vit Franz assis sur un lit à la couverture rabattue. Il se leva pour l'accueillir, elle le prit dans ses bras et le couvrit de baisers.

Elle avait une terrible envie de lui dire comme la plus banale des femmes : ne me lâche pas, garde-moi auprès de toi, asservis-moi, sois fort! Mais c'étaient des mots qu'elle ne pouvait et ne savait prononcer.

Quand il desserra son étreinte, elle dit seulement : "Qu'est-ce que je suis contente d'être avec toi!".

Avec sa discrétion naturelle, elle ne pouvait en dire davantage."

vendredi 19 février 2010

Bric-à-brac.



Moi j'ai été élevée de guingois.

Dans une maison, deux, trois, et d'autres encore.

Y'avait des œuvres d'art un peu partout, de gens connus et inconnus, les miennes aussi un peu en vrac, et puis de grands tapis, de vieux meubles en bois qui sentaient fort quand on les ouvraient, des murs pas toujours terminés...

Et moi, dans tout ce bric-à-brac, j'avais du mal à trouver ma place, comme un objet précieux mais un peu trop encombrant.

Alors, depuis, je m'attache à recréer ce désordre en espérant y prendre une part, si petite soit-elle. Je cherche encore et toujours une place, ma place au creux de leurs bras et des tiens, au milieu des embûches semées sur mon chemin.

Comme dans une maison trop grande et déjà un peu trop pleine, je garde tout et cache parfois. Je prends, encore, aime, souvent, et laisse de côté parfois avec regret.
Et chaque rencontre, professionnelle et personnelle, s'ajoute, prend sa place, une place qui change au fil du temps et de mes émotions et définit un peu mieux les contours de la mienne.

Je suis une grande amoureuse, et aujourd'hui je suis au régime. :)

lundi 8 février 2010

D'un chemin...


Il y a des jours comme ça, où en suivant le chemin que l'on croit être le bon, on le trouve jonché d'une telle multitude d'émotions qu'on se retrouve immobile.

Derrière une fenêtre de ce lieu qui m'est si familier que je l'appelle chez moi, mes yeux équarquillés contemplent la beauté et les larmes coulent sur mes joues.

Je n'arrive plus à endiguer le flot, et je ne sais même plus bien pourquoi je pleure.

Je suis soulagée, effrayée, ravigorée, assommée, enthousiaste, emportée, dépassée, apaisée...

Comme souvent, tout se mélange pour mieux se mettre en place après.

Je suis de retour chez moi, dans cette maison que j'aime, chargée de beautés et de ma vie, et j'ai l'impression d'y être en sécurité, de vouloir y passer ma vie.

Je viens de croiser le fantôme de cette vie passée, presqu'insouciante. Un fantôme abîmé et méconnaissable, qui me laisse effrayée devant les atrocités que la vie réserve à certains. Mais c'est une battante, elle s'en sors toujours.

Je dois faire une premier choix ici parmi les trésors qui hantent mes nuits et mes jours depuis des années. Des trésors que je chéris, que je veux partager. L'un d'eux sera décisif aujourd'hui pour moi.

J'ai le choix de prendre ma vie en main, et tout se met en place petit à petit, à la seule force de mes fragiles poignets. Mais j'y arriverai, parce qu'après tout, moi aussi je suis une battante.

lundi 18 janvier 2010

Dead line.


Dead line, dead line.

J'ai eu beau chercher, je n'ai pas trouvé de traduction qui rende aussi bien en français ce que cette expression veut dire.

Dead line.

C'est pas seulement le titre qui est bien choisit, c'est toute l'exposition qui m'a retournée.

Dead line.

C'est le choix des artistes, ces quelques œuvres qui frôlent le désespoir et la mort, ce sursaut créatif dans le savoir du condamné.

Dead line.

C'est elles, surtout. La mère et la fille avec moi. La mère qui vient d'apprendre sa rechute, la fille qui a choisit l'exposition que nous allions voir.

Dead line.

Je me souviendrai toujours de son regard, de sa violence dans le sursaut d'indignation quand je lui expliquais, racontant une œuvre, que la vanité des vanité, c'était de croire que l'on allait pas mourir.

"Il y a vraiment des gens qui croient ça?"

Dead line.

lundi 11 janvier 2010

L'amour en double.


Il est des livres qu'il me faut lire.

Comme une urgence, ça me prend, me lance et me possède jusqu'à ce que je l'ai entre les mains.
Les lettres dansent devant mes yeux, je tourne les pages sans arriver à m'en détacher.

L'écriture est banale, assez lisse et sans rien d'extraordinaire, mais les sentiments, les évènements et les personnages font trop écho aux semaines écoulées pour ne pas me plonger entièrement dans cette histoire.

L'amour en double.
Roman ou autobiographie, que m'importe?
Je sais que l'auteure a vécu les même dilemmes, les mêmes douleurs et les mêmes bonheurs intenses que j'ai rencontrés ces derniers jours.
Je le sais aux grands traits du récit, au cheminement parallèle au mien, mais je le sais surtout aux petits détails. Ce sont eux, qui, dans leur familiarité, me renvoient à ce que je vis.

Entre deux eaux, entre deux voyages, entre deux hommes, je suis consciente d'être écartelée, une fois encore.

J'ai Ingrid Bergman dans Casablanca comme référence douloureuse, je pense à toutes ces héroïnes qui ont hésité et se sont pris au piège d'histoires en parallèle et me dit que je suis bien loin de Mademoiselle Liberté dont l'Horace désormais muet a enfin déserté l'esprit.

Un seul livre pour eux deux.
J'ai envie de le partager avec eux, de leur faire prendre conscience de ce que je vis, de poser ma tête sur leurs genoux en les regardant lire tout en contemplant leur visage, de lire sur eux cette histoire parallèle à la mienne, cet écho.
C'est comme un galet, un jalon, et ce livre, au-delà des mots, me devient un symbole.
Vais-je me résoudre à lire la fin avant d'avoir trouvé la mienne?
Vais-je me laisser influencer par sa décision à elle?

Tout ce que je sais, c'est que lorsque j'aurais accomplit mes deux voyages, l'objet-livre aura enfin trouvé sa place.

lundi 4 janvier 2010

2010.


C'est un soir à bloguer.

Un soir de froid, où dans la pénombre je me suis réfugiée dans la chaleur et la douceur de ma couette tôt, en réponse aux péripéties de ma vie.

Un soir où je me remémore ces quatre premiers jours qui ont inaugurés l'année 2010, et où je me dis que si elle est à leur image, cette année ne me laissera pas beaucoup de répits.

J'ai fini 2009 comme une pelote de nerfs, et ai commencé 2010 par les plus délicieux plaisirs.
J'ai vu, senti, goûté, aimé, caressé, échangé ces peaux contre les nôtres.
J'ai serré contre mon cœur ceux qui ont été et, j'espère, seront encore, là.
J'ai entendu ses mots résonner dans mon cœur qui se serrait, de bonheur et d'espoir.
J'ai vu la première neige de l'année tomber dans ses yeux lorsqu'il m'a embrassé.

Et puis j'ai sans doute oublié d'attacher ma ceinture, et les turbulences ont débuté rapidement. Les montagnes russes.
Bonheurs, malheurs, écrits, lectures, espoirs, briques, rires, pleurs, chants, danses, cris, orgasmes, fuite, inertie... Tout s'oppose et se mélange.

Je vous souhaite à tous une excellente année.