mercredi 30 juin 2010

Entre.



Entre, ma fille, mon enfant, dans ta nouvelle vie.

Trouve le boulot de tes rêves et investit toi jusqu'au bout.
Regarde et écoute ceux qui sont autour de toi, et tente de démêler le vrai du faux.
Avance et trébuche sur les bâtons qu'on te glissera dans les roues.
Et relève-toi, toujours.
Recommence un peu plus prudemment.
Apprends que tu es seule sur ce chemin et que personne ne pourra t'y guider.
Contemple les personnes que tu aimes de loin, sans savoir quoi faire ni que dire.
Débats-toi.
Sache que de ceux en qui tu as confiance, il y aura désormais quatre catégories.
Ceux qui ne comprendront pas ou ne voudront pas comprendre.
Ceux qui te refuseront leur aide et leurs conseils, qu'ils sachent ou non pourquoi.
Ceux à qui tu ne voudras ou ne pourras pas en parler.
Et ceux qui t'enfonceront le nez dans ta merde dès qu'ils en auront l'occasion.
Débats-toi de plus belle.
Essaie de combiner ta vie professionnelle et ta vie personnelle.
Echoue, et échoue encore.
Et relève-toi, toujours.

Entre, ma fille, mon enfant, dans ta nouvelle vie.

Et si je ne me relevais plus?

mardi 1 juin 2010

Lettres.




J'aime les relations épistolaires.

Les lettres que l'on prend plaisir à écrire et à recevoir, les mots qui prennent forme et deviennent beaux d'avoir l'impression de connaître le destinataire comme l'on se connaît soi.

C'est souvent même d'autant plus vrai que l'on ne connaît pas la personne, que l'on peut projeter sur elle tout ce qu'on veut et qui nous ressemble.

J'aime lorsque l'on se confie avec douceur et emportement en même temps, comme on aurait pu le faire au fond d'un canapé moelleux vers la fin d'une soirée un peu arrosée, dans une pénombre à peine éclaircie par une bougie. Vous savez, quand les visages ne laissent deviner que quelques expressions, que la peau prend une couleur dorée qui rassure, que l'alcool délie les langues et les cœurs...

Se livrer mieux parce que l'on peut se cacher un peu aussi derrière ces écrans, occulter certaines parties pour mieux en révéler d'autres, se sentir exister et pousser des ailes à des bouts de soi que l'on ne se soupçonnait pas.

Pour moi, les lettres échangées ont cette intensité comme adoucie par la distance et l'inconnu, mais exaspérée par cette même méconnaissance.

Au fil de mes multiples identités épistolaires, j'ai aussi aimé faire quelques rencontres, passer du virtuel au réel. Découvrir un visage et retrouver - ou non - sur les sillons que le temps et les sentiments y ont tracé les traits que j'y avais gravé. Entendre plutôt que lire, toucher plutôt qu'écrire...

Certaines de ces rencontres sont restées magiques avec la disparition des mots, l'une d'elle m'a même hanté longtemps, et puis d'autres ont tari nos mots avec la découverte du réel.

Mais, par-dessus tout, ce sont les instants qui ont précédé que j'ai souvent préféré.

Comment la dépendance aux mots de l'autre peut s'installer petit à petit.

Comment, sur un malentendu ou un baiser, les mots s'enflamment parfois, jusqu'à devenir des mots d'amour, des mots de tendresse, des mots de passion...

Comment un geste fou peut devenir attendrissant, enthousiasmant, et même désarmant.

Et surtout, surtout, comment révéler son vrai prénom devient un moment magique entre tous, un tombé de rideau en soi, une redécouverte de sa propre pudeur ou impudeur.