vendredi 10 avril 2015

Voraces.


Au milieu des fantômes qui réclament des miettes de mon attention en ce moment, sans heurts et presque avec le sourire, je flotte.

Lui n'avait rien d'un fantôme, il ressemblait bien plutôt à un fantasme.

Mon esprit est si loin en ce moment que quand il a levé les yeux sur moi dans ce bus bondé, j'ai souri.
Franchement, avec la gourmandise d'une femme qui croise un fantasme et l'enthousiasme que ma vie me donne en ce moment.

Et j'ai vu ses yeux changer.
J'ai entendu la surprise se muer en désir dans ses pupilles dilatées.
J'ai accompagné sa gêne quand nous nous sommes replongés dans nos lectures respectives, en réalisant que cet homme était bien réel, trop réel.

Mes yeux se sont attardés sur lui, et j'ai découvert la poussette à ses côtés.
Et quand il a cherché mon regard à nouveau, mes souvenirs sont revenus, et de nouveau, sans y réfléchir, je lui ai souri, du fond de mon désir.

J'ai toujours aimé les hommes mariés, et ils me l'ont bien rendu.
Mais ma préférence a longtemps été aux jeunes pères.
J'adorais leur enthousiasme, leur timidité, leur difficulté à être légers aussi, l'admiration que je lisais dans leurs yeux face à ma liberté... le fait qu'ils disparaissaient de ma vie, souvent sans donner de nouvelles, aussi.

Mais surtout, surtout, ce que j'ai aimé, c'est l'urgence qui les saisissait devant mon corps et mon désir.
Ils me prenaient alors... voraces.

mardi 7 avril 2015

Décompte.


Oh, que l'ironie est mordante !

Que mon esprit s'éveille, réveille mon corps et l'affronte, ça a déjà été suffisamment douloureux.
Que je cherche en moi la force de trouver les mots pour arrêter ce moment entre deux, en suspension, c'était déjà difficile.
Mais que l'argument que j'utilisais sans y croire se retourne contre moi, quelle ironie !

J'ai voulu, j'ai essayé.

J'ai tenté de reposer un pied au sol en pleine suspension.
Parce que dans le bien-être des sensations, l'alarme du danger a fini par éclater dans ma tête.

Et le sol s'est dérobé.

Comme mon corps me l'avait dit, mais mon esprit n'y avait pas cru.

Et voilà mon esprit coincé, paniqué, dans un corps ravi et qui jubile.

L'angoisse se fait plus présente, dérange la belle ordonnance rêveuse de mes sensations.
Je me tords dans tous les sens, me débats sous les coups, je finirais bien par m'épuiser.

Et le décompte avant le sol pourra commencer... ou pas.

lundi 6 avril 2015

Fantasy.


Je glisse.

Pas à pas, petit à petit, mon esprit sombre et mon corps prend le pouvoir. Toutes ces sentations nouvelles qui m'envahissent, c'est sublime, c'est tentant, c'est effrayant.

Je sens que je devrais arrêter, utiliser la magie des mots pour suspendre ce moment qui s'éternise.

Et je me tais.
Garder le silence pour que ce moment reste avec moi, ne me glisse pas entre les doigts, pour le savourer et m'en repaître, c'est trop rare.

Encore, juste encore un peu, me supplie mon corps.
Reste ici, reste avec nous, profite de ce moment, profite des rêves qui s'impriment en toi, profite de cette joie qui t'envahit.

Un coin de mon esprit me supplie de revenir, me dit que c'est dangereux, mais c'est trop tard, je suis partie trop loin.
Je sens qu'il me hurle que plus longtemps je resterai, plus le retour sera difficile.

Mais je reste encore un peu là, ne m'en voulez pas.

Ne me forcez pas à revenir, pas encore, je ne suis pas prête à retourner dans la réalité.

J'ai le corps qui rêve, et je ne veux pas le réveiller.

jeudi 2 avril 2015

Ah, si j'étais un homme...


Bonjour toi.
J'ai mis si longtemps à venir vers toi, j'ai tant redouté cette rencontre, que je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit si facile.
Enfin, facile...

Salut, toi.
Tu vois, je ne suis pas si impressionnant, en fait. Moi aussi je suis réservé, j'aime observer et écouter les gens avant d'entrer dans la danse.
Enfin, moi je souris moins que toi, c'est certain !
Ou juste du coin des lèvres, comme maintenant.

C'est probable. Mon sourire est ma marque de fabrique, mon charme de femme. Comment tu peux séduire, toi ? Je me demande... comment ça séduit, un homme ?
En même temps, ça explique bien que je ne sache pas voir quand on essaye de me séduire...

Les hommes, je ne sais pas.
Mais, moi, nous, tu le sais très bien. 
Tes yeux, nos yeux. Ca, ça ne change pas en fonction de ton genre.


Timide, mais séducteur ? Une petite barbe soignée, un trench, une assurance douce qui se place en fonction des autres et une préférence qui va à l'intelligence plutôt qu'à la culture ?
Un côté sensible et féminin, et surtout, une profonde bienveillance ?
Oui, décidément, on est pas si différents.
...
Tu sais, je crois même que j'aurais pu t'aimer, en fait.

Mais je suis toi, tu sais.
Aime-moi en toi.
Aime-toi.